Fjallabak - Récit (1)
Dernière demi-journée de boulot avant de partir pour l'aéroport. Nous avons dormi 1h cette nuit, obligés de finir de coudre nos vêtements de pluie et nos nouveaux sacs photo, empaqueter la nourriture des 13 prochains jours, remplir les sacs et batailler avec le GPS et le PC qui, pour ne rien arranger, ne démarrait plus.
Midi, nous partons pour l'aéroport de Nice, en pantalon imperméable et grosses chaussures. Par 28°C. C'est dur à supporter par cette température, mais ça nous évite d'emporter un pantalon que nous devrions porter le reste du séjour.
Le volcan Bardabunga, qui s'est réveillé il y a 3 semaines, n'a pas fait plier les lignes aériennes, donc le départ est confirmé! Revenir, ça, on verra. C'est moins important.
Le sac plein de vivres en soute, l'autre avec nous en cabine. Nous avons passé le contrôle, nous sommes dans l'avion!
Arrivée 23h en Islande, après une halte à Düsseldorf. Il fait nuit, aucune idée où nous allons dormir. Un bus part de suite, le prochain est demain à 7h.
Nous sortons de l'aéroport, à pieds, suivant une piste qui longe plus ou moins la route d'accès à l'aéroport. De ce que l'on peut voir et sentir sous nos pieds, le terrain autour est typiquement islandais: sable, cailloux, mousse. A distance raisonnable des premiers bâtiments, nous plantons la tente sur 30cm de mousse.
Jour 1 - Faux départ
Lever discrètement avant le soleil, il est 6h30. Retour à l'aéroport pour rejoindre en bus Reykjavik, que l'on atteint à 8h30. On s'informe à la gare routière des possibilités de rejoindre Landmannalaugar. Un seul départ par jour: dans 20min!! C'est la loose, il nous faut encore acheter du gaz et préparer notre paquet de nourriture à faire déposer à Landmannalaugar! Ce problème n'en est plus un lorsque la seule station essence environnante nous annonce qu'il n'a plus de bouteille de gaz...
Nous partons donc à la recherche d'un toit pour passer la journée et la nuit à Reykjavik. Visite de la ville et son musée de la photographie, gavage de poisson et nuit au Loft Hotel.
Jour 2 - Immersion
Retour à la gare routière pour prendre le bus. Nous avions convenu de nous faire déposer au pied d'Hekla, un des plus actifs volcans islandais. Mais le conducteur ayant apparemment mal compris, nous nous retrouvons 12km au sud du point espéré. Point positif, notre paquet de vivres, lui au-moins, devrait se faire déposer au bon endroit : Landmannalaugar. Espérons de pouvoir le récupérer sans encombre dans 7 jours.
Après 8km de goudron, nous bifurquons vers Hekla. Le temps est maussade, Hekla a la tête dans les nuages. A part quelques moutons et une famille de lagopèdes, nous ne croisons personne.
Durant la préparation de l'itinéraire, bien confortablement sur mon siège de bureau, j'avais envisagé de rejoindre Alftavatn par le sud d'Hekla. A vol d'oiseau, ça représente une dizaine de kilomètres de hors-sentier à travers une coulée de lave refroidie depuis plusieurs dizaines d'années. Mais après avoir fait 300m là-dedans, je me rends compte que la progression sur ce terrain est très lente. Tout est recouvert de mousse, humide et glissante. La roche est poreuse et couvre de petites cavités laissées vides durant l'écoulement de la lave, impliquant que le sol s'effondre parfois sous notre poids.
Compte tenu de l'engagement qu'implique cette traversée hors-sentier et de l'heure déjà bien avancée, nous faisons demi-tour. Retour sur un terrain plus plat, aux abords de cette coulée. Un terrain couvert de cailloux et de cendre. Un désert de gris, de noir et vert, qui nous immerge une fois pour toute dans l'ambiance islandaise. Ici, la roche qui constitue le sol est tellement poreuse que l'eau ne reste pas en surface, ne laissant aucune chance à la végétation de se développer. Seules quelques mousses arrivent à pousser sur le blocs rocheux.
Nous arrivons à une piste, que nous devons rattraper et suivre sur quelques kilomètres, avant de repartir à nouveau hors-sentier. Tous les vallons se ressemblent, et l'erreur de lecture de carte est vite arrivée. Nous nous retrouvons bien entendu dans le mauvais vallon, à chercher la piste dans la mauvaise direction. Mais c'est certainement une chance, car nous sommes là au pied d'Hekla, devant un immmmmense champ de lave. Impressionnant.
Après analyse de notre position, nous réussissons à descendre sans encombre un vallon qui rejoint la piste, qui serpente au milieu d'un paysage toujours aussi désertique.
Je ronge un peu mon frein dans mon coin, nous n'avançons pas assez à mon goût. On a déjà presque un jour de retard sur le planning. Le premier jour. Et puis Irina me fait comprendre qu'on est aussi là pour profiter du présent, quel que soit le planning. Et c'est bien vrai. Prenons un peu le temps de vivre.
Le temps arrive d'envisager un coin pour bivouaquer. Un peu à l'écart de notre chemin se trouve un grand lac, Saudafellsvatn, seul point d'eau des environs. Nous quittons les quelques traces de motos qui matérialisaient la piste durant les derniers kilomètres et rejoignons le col qui nous sépare du lac. Vue imprenable, d'un côté la plaine qui s'ouvre sur le désert, de l'autre les contreforts d'Hekla. Nous posons le camp.
Je descends au lac chercher de l'eau. Un repas chaud serait le bienvenu, mais non. Première tuile du séjour : le gaz n'arrive pas à se vaporiser, impossible de chauffer quoi que ce soit. Je n'ai pourtant jamais eu ce problème, même en hiver. Problème de température? Mauvaise cartouche? Après quelques essais démotivés, j'abandonne. Repas froid et dodo.
Jour 3 - Terre désolée
Il pleuviote, Hekla est toujours dans les nuages. Devant nous s'étend un champ de lave que nous devons traverser. Ça devrait poser moins de soucis qu'hier, car il est moins large et plus ancien. Les creux sont comblés de cendre. Pas grand chose ne vit ici, mise à part quelques insectes et fleurs éparses.
Quelques traces de passage au sol se dessinent, certainement des motos-cross. Nous les suivons jusqu'à une nouvelle coulée, que nous traversons au mieux, avant de rejoindre la piste qui mène au col nord d'Hekla. Aucun intérêt de monter au sommet aujourd'hui, le plafond ne se lèvera pas.
Le vent permanent, accompagné de ses averses, met le moral à l'épreuve. De temps en temps, un rayon vient illuminer le paysage et remotiver les marcheurs.
La navigation est maintenant aisée puisque nous suivons une piste. C'est la météo, toujours aussi rude, qui nous met au défi. Et ce bout de piste est long. Très long. Nous profitons d'une accalmie pour manger un peu.
Un tout petit peu, car nous n'avons pas croisé de point d'eau depuis ce matin et devons nous limiter. Manger sans boire, c'est pire que ne pas manger. Ma fatigue ces derniers kilomètres est très certainement liée à ça. J'ai du mal à monter. Mais la carte indique un dernier col, progressif, avant de croiser une rivière. Génial, nous en profiterons pour poser l'abri, s'abriter du vent, se réhydrater et remplir les batteries.
Une fois au col, pas une goutte d'eau à l'horizon. Seul un désert noir s'étend devant nous. Le lit de la rivière est bien là, mais à sec. Le sol est sableux au possible, pas étonnant que l'eau s'infiltre bien en amont de la source, s'il y en a. Je tente quand même de planter l'abri, protégé du vent dans le lit du ruisseau, à l'aide de grosses pierres. Mais j'abandonne vite. Le vent est trop fort pour la tenue du sable. Nous nous posons 10min pour regagner quelques forces, la toile de tente en vrac sur nos têtes et bordée par nos pieds et fesses. Une pause toute somme assez spartiate, mais qui mêlée au petit coup d'espoir et d'agitation, s'avère très régénératrice.
C'est reparti pour le désert. Avec une autre manière d'apprécier. Je me suis résigné à ne pas trouver d'eau avant ce soir, alors je profite du décor. Un décor vide, noir, presque abstrait, qui ajoute à la fatigue sa dose de sensations. La sensation d'irréel, d'être un personnage fictif sorti d'un livre d'aventure.
Nous avions prévu d'être à Alftavatn ce soir, mais il nous faudrait bien 4h de plus. Alors nous nous rabattons sur une hutte, Dalakofinn, certainement fermée à cette saison, mais qui devrait offrir un beau terrain pour planter l'abri et de l'eau à proximité.
Au détour d'un virage, nous quittons une plaine de sable pour en rejoindre une autre. Le but apparaît, il ne nous reste plus qu'à tirer droit.
Une dernière montée, et nous y sommes. Un beau terrain plat, un talus pour se protéger du vent, une rivière à quelques mètres. Tout ça est bienvenu après cette journée. Cerise sur le gâteau, la cartouche de gaz, une fois réchauffée, veut bien chauffer de l'eau! Un repas chaud, un lit au sec, royal!
Jour 4 - Le calme avant la tempête
Le plafond est bien bas ce matin... Paysage morne. Des chevaux ont marqué le sol mou de leurs fers, nous sommes de retour sur la piste.
Nous la quittons quelques kilomètres plus loin pour nous élever. Au milieu d'une plaine noire un ruisseau termine sa course. Le soleil montre enfin le bout de son nez et vient illuminer l'arrière-plan de ce sombre tableau.
Nous contournons Laufafell avant de devoir traverser notre premier gué. Plutôt gentil. Nous troquons nos chaussures contre les chaussons néoprènes. Pour 70g, on évite de se blesser et on limite l'emprise du froid, dommage de s'en passer.
Retour sur une piste, le temps de traverser cette plaine fleurie, avant de la quitter pour rejoindre un paysage plus aride.
Une nouvelle piste, qui serpente sur les crêtes, nous guide jusqu'à Alftavatn, point de passage éventuellement d'arrêt (refuge et campement avec douches à dispo) du Laugavegur. Il y a du monde ici, ça bouge. Dommage qu'un peu de lumière ne vienne pas égayer cette ambiance grisâtre.
Nous rejoignons en 1h le refuge de Hvanngil en suivant le Laugavegur.
L'endroit est agréable : la ferme voisine apporte une touche bucolique au refuge, somme toute assez standard, arborant à son entrée, sur un grand mât, le drapeau national. Les emplacements de camping sont éparpillés au milieu d'un chaos rocheux, environnement pour le coup original. D'une cabane, un homme sort. Il est grand, la quarantaine, doudoune jusqu'au coup, le visage froid. C'est le gardien du site. Nous lui demandons, d'un air peu intéressé, les prix pour la nuit: c'est hors de prix pour la nuit au refuge, et cher pour l'emplacement de tente.
Alors nous prenons le chemin de demain, vers le nord. Au fond du vallon, un petit col offre un bout de vue sur le Myrdalsjökull. Le sol de sable noir est meuble, mais avec l'aide de quelques gros cailloux, j'arrime la tente au sol, dos à la légère brise qui souffle. Ça devrait suffire vu la météo plutôt clémente.
Réveil au milieu de la nuit. Il pleut, le vent a considérablement forci et changé de direction : il souffle maintenant de face (côté porte). Il doit être 23h, ça ne fait pas si longtemps que nous dormons. Je regarde la sardine qui maintient tant bien que mal la porte dans les rafales. Je la regarde, dix minutes durant, vaciller dans la terre. Ça ne tiendra jamais à ce rythme là toute la nuit. Il faut consolider tout ça.
J'enfile mon pantalon et ma veste imperméables pour sortir sous la tempête. A peine ai-je entrouvert la porte que le vent s'engouffre à une vitesse fulgurante et en un rien de temps, l'abri se retourne. Houston, we have a problem! La toile ne tient plus au sol que par les sardines arrières. Irina qui dormait à moitié se réveille à la "belle" étoile. Je sors en trombe remettre l'abri en position avant que tout ne s'envole. Irina maintient l'abri en place en tenant la toile à la force de ses mains pendant que je cherche un nouvel emplacement mieux abrité du vent alentour. Mais il n'y a rien. Le vent est déchaîné.
Je rejoins Irina et prends le relais pour tenir l'abri de l'extérieur, sous la pluie, en lui criant de tout ranger dans les sacs et se préparer à décamper. Dix minutes qui me paraissent interminables. Je suis trempé. Mes doigts gelés ont de plus en plus de mal à résister à la force du vent qui bât la toile.
Enfin Irina est prête. L'abri enroulé autour des bâtons, nous redescendons dans le vallon d'où nous sommes montés, frontale sur la tête, dans l'espoir de pouvoir nous installer au calme au pied du col. Mais non, c'eût été trop beau. Le vent n'est pas moins fort en bas. Après plusieurs tentatives de monter la tente et 3 sardines envolées, nous abandonnons et regagnons le refuge. Une demi-heure de marche sous la pluie et toujours autant de vent. Aucun des emplacements pour tente n'est vraiment à l'abri de la tempête, alors nous rentrons nous installer à l'intérieur du refuge. Enfin au sec et au calme ...
Jour 5 - Battu par le vent
Nous avons séché nos vêtements sur nous durant la nuit. Par la fenêtre du vestibule du refuge, alors que je lace mes chaussures, je vois passer un 4x4 qui part en direction du col, d'où nous sommes revenus cette nuit. Étrange, car il n'y à rien pas là-bas. Quelques minutes plus tard, alors que nous nous apprêtions à sortir et aller payer très humblement notre dû au gardien, celui-ci ouvre subitement la porte du refuge. Sans dire mot, le visage toujours aussi froid mais l'air inquiet, il se retourne et fait un geste de la main à quelqu'un dehors, avant de refermer la porte. Le 4x4 était-il parti nous chercher ? Le gardien s'est-il inquiété pour nous ? Nous ne saurons jamais ... Nous sortons lui raconter, gênés, notre nuit tourmentée. Il ne nous fait payer que le tarif camping. C'est sympa de sa part.
Retour sur les lieux de notre mésaventure d'hier soir. Je retrouve les 3 sardines envolées, pas évidentes à voir, même oranges ! Au col, nous prenons encore un peu de hauteur pour profiter du soleil sur la vallée du Kaldaklofskvisl.
Le Maelifellssandur est notre prochain défi : une plaine noire que la fonte des neiges inonde d'alluvions glaciaires, descendant en l'occurrence du Torfajökull. Une large zone, humide toute l'année, qui peut s'avérer compliquée à traverser. Par temps chaud, le courant des rivières qui traversent le sandur peut être important. Et à toute saison, le sol gorgé d'eau cache de traîtres sables mouvants.
Nous enfilons à nouveau nos chaussons néoprènes et traversons les 2km qui nous séparent du prochain îlot, tantôt dans un ruisseau, tantôt sur un épais tapis de mousse imbibée d'eau. Maelifell, sommet remarquable des environs, haut de ses 799m, est notre phare pour la journée. Le soleil succède aux averses à répétition, mais il y a une constante : le vent. Il nous oblige à nous couvrir, mais n'enlève rien au plaisir de la progression. L'itinéraire est beau et ludique, le paysage hors du commun. Entre glace et montagnes, nous ne croisons ici que quelques moutons.
Le ciel se découvre à nouveau alors que nous arrivons à Strútur. Chaque seconde où le soleil est là est magique.
Au pied de Strútur, nous quittons le Maelifellssandur pour rejoindre demain Eldgjá. Encore une heure de marche. C'est sous une énième averse que nous arrivons dans un petit coin de paradis de l'Islande.
Un torrent d'eau fraîche, un beau gazon au pied des remparts rocheux - idéal pour planter la tente à l'abri du vent, et surtout, surtout, un bain d'eau chaude à ciel ouvert. Pour nous seuls. Nous montons l'abri en vitesse pour mettre les affaires à l'abri de la pluie et filons culs nus nous délecter d'un bain bouillant. Il fait nuit, le ciel s'est entre-temps dégagé, et la lune presque pleine s'élève au-dessus des sommets qui nous entourent. L'idée de faire des photos de ce moment magique ne nous a même pas effleuré l'esprit. Comme en réponse à la tourmente de la nuit dernière, nous vivons juste et simplement cet instant de pur bonheur. Ça fait un bien fou.
Jour 6 - Gué pride
La nuit a été calme. Suite à notre nuit précédente agitée, j'avais quand même pris soin de blinder les ancrages de l'abri, même si le sol se prêtait très bien aux sardines. Pendant que nous plions les affaires, l'eau du thé se réchauffe au bain-marie.
La source d'eau chaude est juste au-dessus, ça bouillonne. Un petit canal en pierre a été aménagé sur une vingtaine de mètres pour permettre à l'eau d'atteindre à bonne température deux grandes baignoires successives, elles aussi aménagées en pierre. Système très simple mais redoutablement efficace, pour le plus grand plaisir des marcheurs.
Requinqués pour la journée, nous attaquons le sentier en direction d'Alftavötn, assez monotone sur sa première partie, loin d'égaler la variété des paysages d'hier. Coincés entre deux montagnes recouvertes de mousse, nous allons de gué en gué, quand on peut avec les chaussures aux pieds, de caillou en caillou, sinon avec les chaussons néoprènes. Au milieu d'un grand tapis de mousse, nous suivons de plus ou moins loin le cours de la rivière Syðriofæra, que nous devons traverser plus loin.
Heureusement pour nous, elle s'élargit au sortir d'une jolie chute d'eau en débouchant sur la plaine de Álftavatnakrókur. Le courant n'est pas négligeable mais il y a peu de profondeur d'eau. Traversée sans souci.
Nous atteignons Alftavötn sous un doux soleil de fin de journée.
Le refuge est ouvert, nous pourrions rester dormir là tout confort, mais il fait trop beau pour s'arrêter maintenant.
Nous retrouvons plus loin la Syðriofæra, que nous devons à nouveau traverser. Mais elle est cette fois-ci beaucoup plus impressionnante : le lac Alftavötn se déverse dedans. Suivant le canyon qui y mène, j'ai hésité entre suivre le chemin indiqué par le GPS et un chemin qui semblait lui aussi aller dans le bonne direction. J'ai fait confiance au GPS et nous nous retrouvons maintenant trop bas à devoir traverser la rivière. La lumière commence à baisser, il n'y a bien sûr personne alentour, décision un peu délicate : tenter la traversée ou rebrousser chemin pour aller chercher le "bon" chemin?
Après identification, depuis les hauteurs, du meilleur endroit pour passer à gué, nous nous préparons. 30m environ de largeur. Pantalons retroussés au maximum, chaussons aux pieds, coude à coude, c'est parti! Je suis en amont pour limiter la pression du courant sur Irina. A peine quelques pas et nous avons déjà de l'eau à mi-cuisse. La force de l'eau est impressionnante. Pas à pas, sécurisant chaque avancée, nous arrivons de l'autre côté. Les jambes gelées, des éclaboussures jusqu'à la taille, mais la Syðriofæra est derrière nous.
Nous coupons au nord pour rejoindre la piste F208 et sommes une heure plus tard aux portes de la réserve de Eldgjá, où nous posons le camp. Il est interdit de bivouaquer passé cette limite.
Un léger vent dans l'axe de la vallée m'incite, une fois de plus, à blinder les ancrages de la tente. J'élève même un petit muret à l'avant et à l'arrière pour couper les grosses rafales. On ne m'y reprendra pas deux fois. La météo est imprévisible en Islande, le vent peut se lever à tout moment. Et là où nous sommes, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.